Abstract:Les programmes de protection sociale suscitent une préoccupation récurrente : ils pourraient dissuader de travailler. En augmentant les revenus, les transferts d’espèces pourraient en effet encourager les ménages à réduire leur participation au marché du travail ou le nombre d’heures prestées pour augmenter leur temps de loisirs, et ce même chez les ménages pauvres. Des études évaluant les programmes de transferts conditionnels en espèces suggèrent que ces préoccupations sont exagérées. Pour la plupart d’entre elles en effet, on peut tout au plus observer une réduction modeste de la main d’œuvre, mais pas d’effet dissuasif majeur (Fiszbein and Schady, 2009). Une attention bien moindre a toutefois été portée aux effets des programmes de protection sociale sur d’autres formes de redistribution du travail. Les programmes ciblés et soumis à conditions qui définissent l’éligibilité en fonction des revenus perçus dans le secteur formel peuvent encourager les ménages proches du seuil d’éligibilité à transférer leur force de travail vers le secteur informel afin d’assurer leur éligibilité. Si ce comportement existe, il pourrait avoir des conséquences involontaires sur le niveau potentiel de revenus de ces ménages et sur la croissance économique à venir.